Un client à l'exode rural

le 30/06/2002 à 18h43

Yeah! Yeah! Yabadabadoo! Ce coup-ci, le bac est bien fini, j’ai passé mon oral de ciné! Réussi ? Ahaha, mais on s’en tape! Me voilà complètement en vacances. Dans moins d'une semaine, je saurais si je peux aller user mes baggys sur les bancs de la fac d’anglais. Que je l’ai ou pas, c’est pas très grave, je vais pas en mourir. En fait, je m’en cogne pas mal. Bon, ça serait un plus de l’avoir, c’est certain, mais je m’en soucie fort peu. Après tout, des millions de gens vivent et meurent sans avoir le bac. Et puis, on peut rentrer en fac sans le bac, en passant un concours, mais il faut justifier de deux ans de travail. Hum, j’en connais un qui va finir à glander à la Poste, tiens. Je me vois déjà sur mon vélo de facteur, en train de distribuer le courrier à des vieilles. Et ça doit pas être bien compliqué, si un type con comme mon facteur peut y arriver, pourquoi pas moi. Allez, c’est décidé, si je rate le bac, je m’enrôle à la Poste.
En tout cas, une chose est quasi-sûre, faut que je me barre de chez moi. L’autre ahuri de Raffarin a beau se faire le petit père de la France d’en Bas, force est d’avouer que dans la France d’en Bas, surtout la bien rurale, celle qui sent le cul des vaches, on s’y emmerde copieusement. Bah non, tous les jeunes vivant en rase campagne ne vont pas se briser au Ricard dans des bals pourris ou des discothèques de merde. Faut que je fasse au moins 30 bornes pour trouver un disquaire, une bibliothèque digne de ce nom. Je doit pas être normal, parce que je suis le seule jeune du coin à ne pas aimer les mobylettes, à préférer Chateaubriand et Desproges à L’Equipe et MobShop, je préfére lire plutôt que d’aller taper dans la baballe en hurlant des idiotes de brute footballeuse, et à préférer le trip-hop, le classique et le métal à des vieux trucs de tuning merdique et des sales remix technos de Michel Sardou (hélas.. ça existe, un voisin passe ça a fond ? Déjà que Sardou je le vomis, alors là…). Bref, je me sens désespérément seul et incompris. Eli, eli, llama sabacthani, comme disait un roi juif crucifié. L’on comprendra aisément que j’éprouve un besoin de plus en plus croissant à foutre le camp avant que je devienne complètement cinglé. Je le suis déjà en bonne partie, alors tentons de sauver ce qui me reste de santé mentale.
Donc bon, avec ou sans le bac, il faut que je fuie la France d’en Bas afin d’aller me cloîtrer dans un placard urbain, et faire profiter mes poumons de tous les bons hydrocarbures de la rue. Hardi, bel ami ! Prenons nous par la main et commençons dés aujourd’hui notre exode rural. Allons cacher notre antipathie envers l’homo sapiens moyen au fond d’un studio chichement éclairé, allons dissimuler toute notre courroux dans le doux confort de mon petit appart.
Je vous laisse, je vais éplucher les petites annonces. Ah oui, j'oubliais : trés prochainement, le droit de réponse de l'ami Fabien !

Soundtrack: The Monty Pythons - Always look on the bright side of life