Droit de réponse à Fabien

le 02/07/2002 à 19h47

Suite à ma chronique intitulée ASV ? T KI ? MDR LOL !!! l’ami Fabien a désiré faire paraître un droit de réponse. En temps normal, j’aurais envoyé bouler l’importun mais l’homme étant de mes amis, et son mail n’étant pas inintéressant, je ne résiste pas au plaisir de publier son droit de réponse ainsi qu’il l’avait souhaité. Ma réponse suit plus loin.
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Horreur, je viens de lire ta dernière chronique, et j'en suis encore tout retourné! Moi Fabien Bidet, je suis mis au pilori devant la France entière. Quel est mon crime? Je suis montré du doigt, vilipendé, mis au même niveau qu'un Prosper, pour avoir commis le crime de lèse-français. J'ai porté atteinte à l'intégrité de ma langue, à la pureté de sa grammaire, à la fluidité de son vocabulaire. J'ai martyrisé des mots en les réduisant à leur plus pure expression phonique, sali des expressions en les compressant telles de vulgaires bouteilles en plastiques usagées.
L'attaque est d'autant plus injuste au vu de mon parcours scolaire. Titulaire d'un bac S, après avoir subi (je dis bien subi) deux années de bourrage de crâne pseudo scientifique, exaltant la rigueur de la pensée cartésienne, et salissant l'esprit torturé et improductifs des littéraires, je n'ai pas hésité contre vents et marées à renier ma propre famille de pensée. J'ai basculé dans le camp adverse, passant aux yeux des scientifiques pour un traître, un ennemi de leur cause. Eux qui m'avaient tant donné, m'avaient fait partager tant de secrets (des mystères du corps humain aux merveilles de la physique chimie, en passant par la perfection des mathématiques), je décidais du jour au lendemain de les abonner à leur sort de découvreurs de la logique du monde. C'étaient eux les vrais philosophes, les vrais connaisseurs de la vie. Faisant fi de tout cela, je m'aventurais chez les pourfendeurs de la science. Pour ces gens elle n'est qu'un moyen, pas une fin en soi. On préfère ici un bon mot, à une belle formule chimique. On préfère un français correct, à une suite de chiffres.
Je me suis plié à ces règles. J'ai accepté que mes connaissances scientifiques s'arrêtent net après le baccalauréat. J'ai tout sacrifié pour pouvoir devenir un intellectuel au parler savant, et à la rhétorique implacable. Je veux parler haut et fort pour ne rien dire, je veux écrire bien et vite pour noyer les esprits.
A tes yeux la langue Française aurait pu écrire "Fabien m'a tuer", tellement je l'ai massacré à coups de troncatures! Je lui ai fait mal, je l'ai traînée dans la boue, je n'ai pas hésité à la prostituer pour pouvoir finir plus vite mes mails. J'ai honte!
J'ai fait tellement de mal à cette pauvre femme! Comment pourrais-je réparer mon crime?
Pourrais tu au moins publier ce droit de réponse pour que je me sente un peu moins mal....

Fabien
Dègue de la life!!! Je v alé écrir tt pl1 2 SMS pr me Dtendr!
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Cher ami, j'ai plus qu'apprécié ton vibrant plaidoyer.

Je note que tu fais une allusion à l’affaire Omar Radad. Comme Omar Adad, tu as été . injustement condamné et tu parviendras à remonter dans l'estime de l'éclairé Traulever.

Oui, ton poignant et sincère repentir mérite d'être publié sur mon site web. Glorifie t'en, jeune étudiant en droit, car c'est un honneur. Car si tu seras plus tard connu pour avoir échangé des missives avec le futur grand écrivain Aurélien Thomas (NB : un autre de mes amis, pourvu d’un talent littéraire certain.), tu seras aussi connu pour avoir été houspillé puis absous par un autre chantre de la littérature débilo-crétinienne du vingt et unième siècle, le rageur Benjamin Walewski.

Oui, tu as péché par fainéantise ! Oui, tu n'es qu'un immonde abrégeur ! Et que René Coty me permette ce néologisme ridicule. Mais tudieu, on ne fait pas avancer la langue française sans la pousser un peu au cul. Oui, disais-je, tu n'es qu'un suppôt de la génération de Prosper qui , en ces jours sombres, prospère (raaaah, mais quel sens de la phrase, je m'éblouis moi même) qui ne pense qu'à raccourcir les mots pour que sa rentre pile-poil dans le smeuss. Horreur incommensurable, comment toi, l'homme de goût, l'homme cultivé que je connais et apprécie peut se laisser aller à de telle perversions francophobes ? Je sais bien que ton esprit est sensible à la mode, mais si je t'autorise dans mon infinie mansuétude tes écarts vestimentaires (ici, l'auteur suggérera au lecteur et au destinataire de prendre ça au second degré), je ne tolère point ton ralliement à cette nouvelle marotte des jeunes kids analphabètes et autres petites pouffes en pussy. (Ceci est un clin d’œil à Tranbert. Cligne, cligne).
Je ne tolère pas que l'esprit brillant qui est le tien se laisse aller à de pareils écarts grammaticaux. Si ma bouche se laisse aller à bien des écarts de langage, et que je passe aisément du registre soutenu au registre le plus infâme, jamais, au grand jamais, je n'oserais abîmer pareillement cette si délicieuse langue française. Oui, Monsieur Fabien, tel le Prosper, vous vous complaisez dans l’aberration orthographique ! Mais ton émouvante contrition me prouve que tu es encore habité par quelques grâces et que l’on pourra encore sauver ton âme noircie par cette manie satanique de la réduction des mots.
J'ose espérer que par ce cinglant soufflet que je t'inflige, toi le futur ténor du barreau, tu comprendras qu'on ne badine pas avec la langue française

Bisous, bisous, smack, roulage de pelle.
Traulever

Soundtrack: Fingathing - Big Monsters Crush Cities