No pasaré la cortacésped !

le 18/07/2002 à 14h16

Après une semaine de grisaille, le beau temps est de retour, le soleil vient réchauffer la croûte terrestre française au grand bonheur des vacanciers qui vont pouvoir tranquillement aller attraper leurs cancer de la peau sur les plages de France. N’étant pas moi-même un fanatique de la baignade en eau salée, et du sable dans les orteils, je suis resté chez moi. Mal m’a en a pris, j’aurais dû partir faire cloquer ma peau sur une plage pleine de gonocoques. Eh oui, car au retour des beaux jours, le Père vient voir le Fils. Pourquoi ? Je vous propose de le découvrir sous la forme d’un dialogue. Avec dans le rôle du Père : mon père, et dans le rôle du Fils : son fils.

Le Père : Tiens, il fait chaud aujourd’hui.

Le Fils : Certes, mais quoi c’est l’été. Il fait chaud, les jeunes filles sont court-vêtues et d’une joliesse sans pareille, le Schweppes est au frais et n’attends que moi, ma sono passe du trip-hop en boucle, on est bien, c’est l’été quoi.

Le Père : Faudrait passer la tondeuse.

Le Fils : Ah ? Tu m’en vois bien heureux, j’en bouillonne de joie. En même temps, je m’en contrebalance.

Le Père : Je veux dire : Faut que TU passes la tondeuse.

Le Fils : Grumble… Evidemment (il sort en bougonnant.)

Et voilà, dés qu’il fait beau, je me retrouve à pousser l’amas de ferraille qui me sert de tondeuse à gazon. Maudit soit le fils de hyène qui eu le premier l’idée de tailler sa pelouse, maudit soit son connard abâtardi de voisin qui l’a copié pour faire l’intéressant, et maudits soient les Anglais et leur gazons anglais de merde. Je refuse de couper un gazon qui ne m’a rien fait. Ma fainéantise et ma conscience s’étouffent. Oui, c’est une honte que de tondre sa pelouse ! D’une part, on coupe une pauvre herbe qui ne demande qu’à pousser, qui concentre tous ses efforts à monter de plus en plus haut, et plein d’insectes qui ne demande qu’à vivre et copuler dans les herbes folles passent dans la lame froide et cruelle de la tondeuse, et d’autre part, on gaspille bêtement les dernières ressources de pétrole. Et oui, dans une grosse centaine d’années, tout le pétrole mondial sera épuisé, et nous, on gaspille bêtement une matière première précieuse en allant tondre le gazon. Je vous le dis, je refuse tout net de participer plus avant à ce gaspillage inutile de carburant. NO PASARE (La cortacésped) !

Mais, cornegidouille, quel est l’utilité, le but philosophique, la fin intellectuelle, de la tonte de pelouse ? Dieu me tripote, ça n’a aucun sens, aucun. C’est à peu prés aussi sensé que Don Quichotte qui charge les moulins à vents. On la coupe, pour qu’elle repousse, et comme elle aura repoussé, on la recoupera, et ce jusqu’à notre mort, cet enfoiré de gazon ayant toujours le dernier mot. J’ai beau retourner le problème dans tous les sens, je n’entrevois pas de solutions. Ce n’est pas parce que l’herbe nous gène. Moi l’herbe me gène quand elle me chatouille les aisselle, or il est rare que le gazon monte à plus de 1m50 (si c’est le cas chez vous, c’est que vous habitez dans un champ de maïs). Et puis si l’herbe nous gênait, nous pourrions tout bétonner, histoire de pas être emmerdé par cette saloperie d’herbe qui fait rien qu’à pousser pendant le sommeil des honnêtes gens. Ce n’est par plaisir de tondre le gazon quand même (ou alors il y a des masochistes)
Alors pourquoi s’obstiner à avoir un gazon aussi court que l’ouverture d’esprit et l’intelligence d’un militant FN ? Je ne vois que la solution de la mode. On tond son gazon parce que son voisin le tond aussi, parce que à la télé ils ont des belles pelouses bien rases, et pourquoi pas moi ? Le fait de tondre sa pelouse est un besoin créé par des types qui voulaient du pognon, et qui se sont dit « Tiens, si on faisait croire aux gens qu’une pelouse bien tondue est un signe de standing, et qu’on leur vendait des tondeuses à des prix exorbitants ? ». Je refuse d’être un gogo qui se ralliera à la mode de la pellicule verdâtre gazonifère qui pullule dans nos jardins. Je vais de ce pas aller démonter la tondeuse familiale à couper de pioche. Je le répète NO PASARE ! (la cortacésped) !

Traulever


Soundtrack: Khromozomes - Goldfinger