le 14/12/2002 à 17h14
J’ai vu que sur le Net fleurissent des weblogs ou blogs ou un tas gens racontent leur vie et leurs états d’âme. Oui, il est de bon temps d’avoir son blog (tiens, allez vois celui de la jolie Spud). Et puis, nom de d’là, je m’aperçois que moi aussi je raconte ma vie sur le web, et que pire, je m’apprêtais à écrire une chronique où j’allais faire part : 1)° de mon désarroi , 2°) de mon absence de vie sentimentale, 3°) de mon incompréhension des filles et des gens en général. Bref, j’allais pondre une chronique ou j’allais copieusement me plaindre et me lamenter sur mon sort, en me posant des questions vachement existentielles du genre : Pourquoi j’ai pas de copine ? Pourquoi suis-je un handicapé social ? Pourquoi je ressens une vague de mélancolie qui traverse mon âme de gauche à droite et devrais-je envisager une psychothérapie ?
Bon, de toutes façons, j’ai un site web pour parler dans le vide, j’ai pas besoin d’une psychothérapie. Et en plus, je risque pas de faire un phénomène de transfert.
Donc bon, j’étais prêt à écrire un truc vraiment poignant sur mes sentiments contrariés et toutes ces sortes de choses, mais c’était sans compter sans l’intervention musclée d’une de mon auto-ironie, à qui une excellente nouvelle était venue prêter main-forte pour lutter contre ma déprime naissante : Fiona Apple est vivante et prépare un nouvel album. Youpi donc.
Mais revenons à notre histoire. J’étais tranquillou dans mon studio mal éclairé, devant une belle feuille blanche, et accompagné de ma Déprime, qui me soufflait mon texte. J’essayais de griffonner quelques petites phrases sur mon malheur, judicieusement guidé par ma déprime, qui me donnait les grandes lignes du textes. Et puis soudain, mon Ironie fracassa la porte d’entrée en me hurlant des gros mots que même Jean-Marie Bigard prononce en rougissant, c’est dire la violence des propos. Mon ironie attrape ma Déprime par le sac à main et lui envoie une méchante mandale. Ma Déprime réplique aussitôt par un grand coup de manuel de polonais dans les gencives. Ironie et Déprime roulent à terre sous mes yeux apeurés. Mon Ironie étant rompu à presque toute les techniques de combat (y compris le pancrace et le catch dans la boue), elle finit par mettre une méchante raclée à ma toute jeune déprime, qui fuit ventre à terre. Après avoir mis à mal ma Déprime, mon Ironie avance vers moi en souriant, mais e peux pas dire avec un sourire ironique sinon y’a redondance. Alors s’il vous plait, je vous en prie.
- « T’as rien d’autre à faire qu’à fricoter avec cette traînée ? » me lance perfidement mon Ironie
- Je réponds, effrayé : « Beuh.. Elle me comprends elle au moins »
- « Ouais.. et pendant que tu la bichonnes, qui est-ce que va bosser ton partiel d’espagnol ? C’est elle p’tete ?»
- « Mais euh… »
- « Pfff, quelle chochotte tu fais ! T’as bien raison de te plaindre tiens, je suis sûre que si on expose ton cas à un somalien ou un irakien, ils vont vraiment être content de leur situation .»
- - « Ouah, l’autre eh, tout de suite les arguments qui culpabilisent, c’est pas d’jeu. »
Une fois de plus, mon Ironie m’a tiré les oreilles en me disant d’arrêter de me plaindre et puis en plus, y’en a plein qui le font très bien sur leur weblogs et j’aime pas faire comme tout le monde, juste histoire de faire mon malin.
Bon d’accord, j’ai peut-être pas de copine, je suis peut-être un handicapé social, je suis pas peut-être ultra intéressant, mais ça pourrait être pire. C’est vrai que c’est idiot de déprimer, il y a des gens bien plus malheureux que moi. J’vais arrêter de me plaindre cinq minutes, tiens. Pis j’vais même profiter de mon week-end pour réviser. C’est toujours plus constructif qu’une déprime.
Soundtrack: Johnny Cash & Fiona Apple – Bridges over troubled waters