L'avatar

le 02/02/2003 à 00h05

J’aimerais tant que tu sois prés de moi. Je voudrais me réfugier dans tes bras, me blottir contre ton corps et oublier tout ce qui ne va pas. Je voudrais poser mon visage tout contre ton ventre chaud, en faire un remède à la mélancolie. Je voudrais que tu sois là pour te prendre dans mes bras et ressentir cette ardeur diffuse, cet espèce de sensation atemporelle, cette sensation qu’on ne ressent que quand on enlace celle qu’on aime. Je voudrais que tu sois là pour pouvoir sentir la douceur de ta peau, de tes lèvres, de tes cheveux, de tout ton être.

Mais tu n’es pas là, tu ne le seras probablement jamais. Alors parfois, je fume, je fume, je fume pour compenser. Oui, parfois, lorsque la nuit tombe est que tu n’es toujours pas là pour m’apaiser, je prends une petite barre marron et en ne la ménageant pas, je fabrique grâce à elle un avatar de toi.

Bien sûr, cet avatar ne te remplace pas, il n’a ni ta chaleur ni ta douceur. Il me fait parfois tousser, mais c’est parce qu’il ne m’aime pas vraiment lui non plus. Et puis, il ne fait rien qu’à s’éteindre cet avatar, comme l’amour que je porte en moi. Alors, je le rallume, lui souffle dessus pour raviver sa chaleur, pour n’avoir rien qu’une petite flamme, pour le faire repartir. Et il repart ! Il chauffe ! Il brûle !

Je consomme cet avatar de malheur et ainsi je t’avale tout entière, par petites bouffées. Tu rentres dans mes poumons, infecte mon cerveau, embrume mes pensées. Ton avatar, cet ersatz de tout ce que tu es, m’assomme et me fait un peu ressentir ce que je voudrais ressentir en étant dans tes bras. Il m’enveloppe dans une sorte de béatitude forcée. Je tremble un peu, mes gestes sont gourds, c’est comme si je me vautrai dans du coton hydrophile.

Alors, je tombe sur mon lit, le visage tout contre mon oreiller. Il n’est pas chaud, mais il est moelleux et doux, c’est déjà ça. Je ferme les yeux et regarde le jeu des phosphènes sous mes paupières. Mon esprit fonctionne à vide, ton avatar et toi l’avez neutralisé. Il ne pense plus, ne souffre plus. Il ne ressent qu’un vague bonheur chimique, mais il s’en fout.

Et puis l’avatar n’agira plus, et tu ne seras toujours pas là. Alors parfois, quand ton absence sera trop pesante, je ressortirais la petite barre marron et en ne la ménageant pas, je fabriquerais grâce à elle un nouvel avatar de toi.

Soundtrack: Eels – Flyswatter Polka Dot Remix (c’est dire si je déprime pas)