Philosophie de bazar (Part II)

le 04/04/2003 à 20h33

Je ne te l’ai jamais dit, mais je t’attendais depuis longtemps. Combien de fois ai-je rêvé que je laisser glisser mes doigts dans tes cheveux, que je posais mes lèvres sur ta nuque et caressait ta peau. Combien de fois me suis-je imaginé dans tes bras pour oublier que le monde est un asile psychiatrique et que ses habitants sont tous des fous dangereux. Combien de fois j’ai songé à ta beauté, à ta compréhension, à ton esprit. Un nombre incalculable de fois.
C’est tellement dingue tout ça, qu’on soit là, tous les deux, à discuter de tout, de n’importe quoi et qu’on sache que l’on s’aime l’un pour l’autre, et qu’on est pas amoureux d’une image mais d’une vraie personne. Tu vois ce que je veux dire ? Oui, forcément, puisque tu me comprends.
Être là, l’un contre l’autre, dans un lit confortable, parler du pessimisme de Schopenhauer, de toi et des livres que tu aimes, de mon obsessions malsaine pour René Coty, des phrases cultes des Simpsons, énumérer mes défauts pour faire croire que je suis modeste, se moquer des gens qu’on aime pas, avoir des discussions philosophiques débiles, à se dire qu’on serait comme Lapinot et Nadia, s’embrasser sous la couette en fermant les yeux, tout ça avec du DJ Shadow en fond sonore et en emplissant nos poumons de Bay Gold.

Et puis-là, comme d’habitude, je me réveille, avec ce goût amer de solitude et de déception. Rah mais que Vincent Auriol m’emporte, pourquoi n’existes-tu pas ?

Et l’amour, comme toi, n’existe pas. Ce n’est qu’un joli concept qui nous est vendu, emballé dans du joli papier, par l’inconscient collectif. L’amour n’est là que pour camoufler les trois raisons principales qui nous motivent les relations : la peur d’un futur et d’un monde incertain, le besoin de plaisir et l’instinct reproducteur. Attention mon ange, accroches toi au pinceau, j’enlève l’échelle, je me lance dans une explication pseudo-philosophique.

Tout d’abord, depuis quand l’amour existe-t-il ? Personnellement, j’en ai aucune idée, mais je doute qu’au temps des premiers hommes, ces derniers ce soit amusés au jeu de la séduction. M’est-avis que ça devait plus ressembler à une scène d’accouplement entre orangs-outans, où à la rigueur à la technique de Mickey Rourke dans 9 semaines et demie, enfin ça devait pas ressembler à ces circonvolutions si compliquées dont on a le secret.
D’où mon idée que l’amour est peut-être né avec la prise de conscience de notre mortalité. Ayant peur d’un avenir qu’il ne maîtrisait pas, l’homme voulu créer une famille, un clan pour se sentir sécurisé. Pour ce faire, il faut évidemment qu’il y a procréation, ce qui implique de trouver une partenaire, avec parade nuptiale et tout ça.. Ainsi, l’homme se reproduit et s’entoure de proche pour pas crever tout seul. Dans un monde alors hostile et un futur plus qu’incertain, le fait de se reproduire et de créer des groupes soudés est une nécessité. On peut penser que l’homme perpétue ce fait. Sous couvert de l’amour, il cherche en fait à apaiser sa peur de l’inconnu, du futur.

Bon, et le besoin de plaisir ? Je ne sais pas non plus de quand ça date, peut-être la même époque, mais je pense aussi qu’on se sert de l’amour pour camoufler ce besoin de plaisir sexuel. Les histoires platoniques ne marchent jamais vraiment, il y a toujours l’un des deux protagonistes qui espèrent toujours plus Si on ne cherchait pas ce plaisir sexuel, pourquoi alors notre société a un rapport si ambigu avec le sexe. ? Si le sexe n’était pas un besoin qui nous procure du plaisir, mais une simple activité mécanique, personne ne le glorifierait ou l’abhorrerait comme c’est le cas. On a jamais vu personne glorifier ou détester le fait de lever le bras, pousser une porte ou ouvrir une boite aux lettres. On se sert de l’amour pour camoufler notre désir sexuel. C’est une honte, un scandale. Je vais de ce pas aller me plaindre. Et puis va-donc lire Freud au lieu de me forcer à m’égosiller dans le vide.

Là, tu m’arrêtes et me dis que je devrais cesser de lire des philosophes pessimistes, mais tu n’as rien à dire, parce que tu n’existes pas, et que si je continue à t’écouter, je finirais schizo.
J’en étais donc au besoin de reproduction. Hum, je vais encore être pessimiste et même faire carrément référence à Schopenhauer, alors attentions les vélos. Selon ce bon Arthur, notre inconscient est gouverné par le « vouloir-vivre », une force qui nous pousse à survivre et à produire la prochaine génération d’être humain. Tiens, je viens de me rendre compte qu’on peut relier cet argument avec mon premier exemple, merci Schopenhauer. Le vouloir-vivre nous pousse inconsciemment à chercher un être avec lequel perpétuer la race et si possible pas avec des débiles mentaux. Voilà, comme la taupe ou le dahu, l’inconscient nous pousse à nous reproduire, et Schopenhauer dit même que cet instinct se manifeste dés que l’on rencontre une personne du sexe opposé. Notre instinct juge immédiatement si la personne est susceptible de faire des beaux enfants. C’est notre instinct qui nous commande d’aller vers l’autre et pas un quelconque élan du cœur, alors l’amour merci bien, ça existe pas plus que l’argent de la Cinq.

Et malgré tout ça, tu sais que tout ce que j’ai dit n’était que divagation de désespéré. Parce que tu sais très bien qu’au fond de moi, je ne peux pas faire autrement de croire à l’amour et croire qu’un jour tu viendras, parce que si je n’y croyais pas, qu’est-ce qui me pousserais encore à vivre ?
Le prochain album de Eels ? Mwi, ça se tient. Tu me connais trop bien


Soundtrack: Eels - Fucker