Untitled 4

le 24/01/2004 à 12h39

Premier acte : Dimanche, je décidai de prendre sur moi et de me résolut à faire quelque chose d’extrêmement inhabituel : me photographier, afin de montrer à une personne que j’apprécie ce à quoi je ressemble. Comme je n’aime pas mentir sur la marchandise, j’envoyais des photos somme toute moyenne, mais pas non plus trop peu flatteuse. En réalité, le plus éprouvant ne fût pas de prendre les photos, bien que être constamment insatisfait par ce qu’on a pris soit énervant, mais ce fût le fait d’envoyer les photos. Au départ, j’avais songé, en bon lâche, a n’envoyer les photos qu’au moment de partir, pour ne pas affronter les réactions. Mais je décidais enfin de compte, dans un sursaut de courage, d’envoyer les photos sur le champ.
C’était cette action qui fût la plus dure. Mon amie la boule dans l’estomac ne me quitta pas, du moment où je pris le premier cliché à celui où la personne à qui il était destiné la voyait. La boule tournait et rebondissait joyeusement contre les parois de mon estomac, toute heureuse que mon angoisse lui ai ouvert les portes d’un nouveau terrain de jeu . Et si j’étais angoissé et mal à l’aise, c’est parce que je me dévoilais a une personne qui ne me connais qu’au travers de ce que peux écrire. Et toujours quand je me dévoile, j’ai peur de ce que la personne en face dira. J’avais peur de décevoir la personne en face, peur de savoir si elle me verra différemment, peur de savoir comment ce qu’elle pensera de mon apparence.

Second acte : Mardi, je me réveillais, puis déjeunais devant les dessins animés, et soudainement me souvenais que je devais aller faire des photos d’identités. Je savais que cela allait faire comme à chaque fois que je me retrouve dans un photomaton. Les photos sont faites à contrecœur et je ne serais pas satisfait du résultat. Mais j’avais besoin de faire ces photos pour les cours. Je pars donc dans le centre-ville chercher un photomaton. J’en trouve un, m’installe et glisse l’argent dans la machine. Premier cliché : non, ça ne va pas, je vais en refaire un autre. Deuxième cliché : encore raté. Troisième cliché : la machine me prévient que c’est le dernier. Bon, j’essaie de faire quelque chose de bien. Evidemment, le résultat est pitoyable mais je n’ai plus le choix et la machine imprime automatiquement la dernière prise. Je sors et attends les trois minutes nécessaires à l’impression. Les quatre photos arrivent enfin.
Sur le papier, les quatre portrait me renvoie cette image que je n’aime pas. Cette fois, il n’y a pas qu’un portrait pour me narguer, mais quatre. Quatre fois ce visage que je n’aime pas, quatre fois cette image que les gens ont de moi. Je regarde et je me sens très triste. Est-ce que les gens me voient comme je me vois sur cette photo ? Est-ce que eux aussi ne voient que les défauts, les imperfections ? La boule est dans la gorge, elle monte, descend. Autour de moi, les gens s’agitent, passent et ne semblent pas voir que je me sens mal. Je fourre les photos dans la poche de mon sweat-shirt et sort du centre commercial. Une fois sorti, je rejette un coup d’œil au photo. J’aimerais vraiment que ce ne soit pas moi sur la photo. Pourtant c’est le cas. Tant pis.

Dernier acte : Jeudi, j’ai un cours l’après-midi qui a lieu dans un amphi dont la particularité est d’être ornés de trois rangées horizontales de miroir, procédé visant à éclairer la salle au maximum. Le cours étant plutôt ennuyeux, je décide de me mettre dans les premiers rangs pour me forcer un peu à suivre. Une fille que je connais un peu vient se mettre a coté de moi juste avant que le cours commence. Comme je me tourne pour lui dire quelque chose, je m’aperçois que je suis juste dans l’axe du miroir. Comme je dis à ma voisine que je n’aime pas être en face du miroir, celle-ci répond « Oohh le pauvre petit, il n’aime pas se voir dans un miroir ». Je ne réponds rien, mais j’explose intérieurement. « Oui je n’aime pas me voir dans un miroir ! Oui, j’ai beaucoup de mal à accepter mon apparence, et me renvoyer tout le temps mon image, ce n’est pas ce qui va m’aider à l’accepter. ». Pourquoi cette fille ne comprend-t-elle pas ce que je ressens ? Peut-être parce que c’est idiot et que ça n’a pas de sens. Mais pour moi ça en a. Le reste de l’heure de cours, je la passe plus ou moins réfléchir à ce problème. Je ne sais pas d’où vient ce problème ni comment le résoudre, mais je crois comprendre que j’ai peur que les autres, en particulier les filles, me voient comme je me vois moi. Je croyais que m’être fait à mon apparence, je croyais l’avoir accepté, mais je dois bien constater que ce n’est pas le cas, tout les événements de la semaine me l’ont prouvé, et il semble que j’ai encore beaucoup de chose à régler avant d’être bien avec moi-même.

Soundtrack: Gonzales - 1000 Faces