The Unicorns - Who will cut our hair when we're gone

Vous le savez, mon avis est, quoiqu’il advienne, cent fois supérieur au votre, voire plus si le temps est clair et si j’ai le vent dans le dos. Et quand ce n’est pas mon avis qui est supérieur au votre, c’est mon goût exquis dans tout les domaines artistiques qui surclasse votre propre goût, que chacun sait ne pas être des plus avisés et au fait des choses nouvelles et dans le vent. C’est pour cela qu’aujourd’hui je daigne vous faire partager un peu de ma culture, dont l’étendue est à l’image de l’univers : insondable car en constante expansion.
Aujourd’hui, l’apport à votre érudition falote se fera sur un plan musical, puisque je vais discourir sur un disque qui mérite quand même d’être connu de tous, sauf bien évidemment de cette masse travailleuse, grouillante et mal dégrossie que l’on appelle la plèbe, on ne sait jamais, ils pourraient être touchés par la grâce.

L’ouvrage en question, à mettre entre (presque) toutes les mains se nomme « Who will cut our hair when we’re gone » et il a été enfanté par un groupe originaire de Montréal portant le nom ma foi exceptionnellement hermétique de « The Unicorns ». L’album est sorti il y a plus d’un an déjà, et maintenant que l’effet hype du disque est non seulement retombé comme un soufflé mais a atteint un stade avancé de putréfaction, il faut bien que quelqu’un se charge de parler de ce disque aux non-initiés et à ceux qui sont restés sourds à tout les derniers cris concernant cette merveilleuse galette, et c’est évidemment à moi qu’incombe cette tâche.

Une fois n’est pas coutume, nous commencerons par la pochette, puisque c’est normalement par là que commence tout individu non-coupable de piraterie musicale et flibusterie téléchargesque. La pochette est en effet propre à attirer l’œil et à plonger l’observateur dans une admiration teintée d’ébahissement et de perplexité. Sur la couverture dessinée à la main, on voit un nuage, arborant le nom du groupe dans un rose fort peu discret, nuage d’où sort un arc-en-ciel, lui-même transpercé en son milieu par un éclair. Je pense toutefois qu’une image vaudra mieux qu’une explication somme toute confuse :



L’arrière de la pochette est quant à lui rose fluo, le nom de l’album est entouré de deux pierres tombales et les titres sont écrit dans une graphique évoquant des spaghettis trop cuits. Quant à l’intérieur, mon sens de l’esthétique antique en est encore tout courroucé, je préfère donc éviter de m’étendre sur le sujet.

Passons maintenant au contenu en lui-même du disque. C’est probablement le disque d’indie-pop le plus incroyable de la fin 2003, de l’année 2004, et également du début 2005, si on tient compte du fait que jusqu'à présent, aucun disque évoluant dans le même style n’a réussi à le détrôner dans mon cœur, et que je suis celui qui sait ce qui est bon ou pas pour le reste des créatures pensantes de cette planète. Il y a dans ce disque une richesse expérimentale qui ne trouve d’équivalent que dans la richesse des mélodies de ce même disque. Difficile de décrire ce qui se passe à l’écoute du disque. On pourrait comparer ça à une ingestion massive de barbe a papa. Au début, on a un peu un haut-le-cœur mais une fois le rush de sucre dans le sang, on est surexcités, on saute partout en hurlant, et on en redemande. « Who will cut you hair when we’re gone » est un peu comme ça, une fois que la pop douceâtre est passée, il ne reste plus que l’énergie et la folie furieuse des morceaux qui vous fera sautiller sur place comme un gamin de 12 ans. Oubliez la pop rigide et sérieuse, ce disque est bête et gamin, mais bon sang de bonsoir, ça fait du bien.

N’allez toutefois pas croire, coquebins que vous êtes, que les morceaux sont simples et basiques. Au contraire, le tout est fort travaillé, et démontre une fois de plus qu’il faut beaucoup de travail et une certaine dose de talent de talent pour se permettre de faire un monument de n’importe quoi. Pour ajouter ce coté déjanté et psychédélique à une pop gentillettes, Nicholas et Alden, les deux fondateurs du groupes, n’ont pas lésinés sur le travail de composition. Ils chantent et jouent eux mêmes de plusieurs instruments sur chaque morceaux (batteries, guitare, basse, mais aussi synthétiseurs, piano, accordéons et glockenspiel) mais ils sont rejoints par d’autres musiciens qui viennent ajouter leurs touches personnelles. Tout ceci donne un ton assez curieux et expérimental aux morceaux.
Enfin parlons un peu des paroles, assez étranges elles aussi. On retrouve dans quasiment tout les titres une référence à la mort. Sept titres sur treize ont un nom qui évoque la mort : « I don’t wanna die », « Tuff Ghost », « Sea Ghost », « Ghost Mountain », « Jellybones », « Les Os », « Ready to die ». On a parfois des paroles très très simplistes comme sur le très rock « The Clap », un morceau de 1 minute 30 dont les paroles sont : « clap your hands if you want some / clap your hands if you need some / clap your hands if you can't wait”. Ou alors l’incroyable morceau « Child Star » ou une star et son fan ont un dialogue genre « I’m still a big big star / no you’re not/ yes I am / no you’re not » pendant 2 minutes. Les paroles ne sont pas des plus construites et intelligentes, mais que diable, on est là pour la rigole, alors profitons.

Voilà, je crois avoir dit tout ce qui était possible de dire sur « Who will cut our hair hair when we’re gone ». J’espère avoir éclairé votre sombre ignorance avec la lanterne de ma docte connaissance, et contribué a faire de vous un individu meilleur, et avoir ouvert une voie pour la lumière dans la brume de balourdise épaisse qui vous entoure.

Liens utiles autant qu'intéressants :
http://www.the-unicorns.com
http://www.theunicorns.net/lyrics/lyrics.php

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